jeudi 19 juillet 2012

7 blessés dans un accident du cortège présidentiel haïtien


La moto à l'origine de l'accident (Photo:Jean Marc Hervé Habelard)


La fillette de 6 ans, blessée grièvement à la tête (photo: Presse Lakay)

La moto à l'origine de l'accident (Photo:

Jean Marc Herve Abelard)

Sept personnes sont grièvement blessées, dont un enfant de six ans, ce jeudi 19 juillet dans un accident survenu sur la route de Milot, non loin du Cap-Haïtien dans le cortège du président haïtien, Michel Martelly. Ce dernier en est sorti sain et sauf. 





En Haïti, nous sommes racistes!

A chacun, en fonction de ses intérêts, de ses expériences, de son épiderme... de voir à sa manière la question du racisme. Personnellement, avec ma peau foncée, je confirme que le racisme est bel et bien présent   en Haïti. Point. Et plus que dans beaucoup de pays de gens aux yeux bleus. Dans ce coin de terre, nous sommes racistes. Et cela va dans les deux sens. Peau noire et peau claire.



vendredi 6 juillet 2012

L'exil, ce rongeur

Jean Bertrand Aristide au cours de sa prise de parole à l'aéroport
 internationale Toussaint Louverture. A sa droite, sa fille ainée 
Christine, à sa gauche, sa dernière fille Michaelle et en arrière-plan, 
 sa femme Mildred
Nous sommes trois dans la petite pièce. Nos yeux sont scotchés sur l'écran plat. Remords dans certains regards, contentement dans d'autres. Ne rien rater de l'événement est une préoccupation que nous partageons. Il est arrivé en avance sur l'heure annoncée. 9h07. Il y a 7 ans et 18 jours cette piste de l'aéroport international Toussaint Louverture l'a vu partir. Jean Bertrand Aristide est de retour. Pas sans grand changement physique. L'exil a fait son oeuvre. Esquisse rapide du plus attendu des exilés haïtiens.

L'amère thérapie du silence

Si vous leur tendez un micro, le haut-parleur restera muet. Ils ne parleront jamais. Certains vivent la déchéance haïtienne avec un mutisme surjoué. Lourd. Triste. Pénible. Amère. En Haïti, au temps des grandes crises, le silence devient thérapie.

Tèt kale !

Le président haïtien Michel Joseph Martelly

On n'a sûrement pas beaucoup cogité pour trouver ce slogan. Mais très peu de formules politiques ont eu autant de succès en Haïti que « tèt kale ». De la dynamique campagne du président tout neuf, jusqu'à son investiture samedi 14 mai, « tèt kale » (tête rasée) s'est invité dans tous les discours.



C'est le jour. On est samedi 14 mai. Sweet Micky, qui incarne autant l'ancien groupe musical de tendance compas que le chanteur, élu 56e président d'Haïti, prend officiellement les rênes du pouvoir. A 7h50 du matin, les abords des ruines du palais national grouillent de monde. C'est la célébration de ce que certains appellent « la victoire du peuple ». On s'endimanche ou on porte ce qu'on a. Ou mieux : un maillot, avec l'effigie de Michel Martelly, flanqué du slogan « tèt kale ». Victor, dans la trentaine, arbore un costume crème, chaussures de la même couleur, chemise blanche, cravate rose. Il n'a pas d'invitation. Il n'est pas journaliste. Il ne pénétrera jamais dans la cour du palais. Tout le soleil de plomb de cette journée pèsera fort sur son habit d'apparat. Il s'en moque. « Pour ce jour, je voulais me faire beau pour accueillir mon nouveau président. Tèt kale ! ». C'est comme un mot d'ordre. Tous les discours du jour seront arrosés de la sauce « tèt kale ».

L'école gratuite, « tèt kale » 

« Je prends place, devant, tôt, car je dois voir mon président « tèt kale », se réjouit une sexagénaire, la photo du nouveau président affectueusement pressée contre son coeur par ses deux mains. Si vous lui demandez pourquoi elle est venue supporter Michel Martelly, elle vous répondra dans un zozotement hilarant : « avec lui tous les enfants d'Haïti iront à l'école gratis. Tèt kale !». Elle n'a peut être pas tort d'y croire. Car ce que beaucoup n'ont cru être qu'une belle phrase de campagne a été repris plus tard par M. Martelly dans sa première adresse à la nation. « L'école sera gratuite pour tous les enfants d'Haïti », a-t-il promis à nouveau et l'a même renforcé en soulignant que non seulement l'école sera gratuite, mais elle sera aussi « obligatoire ». « Tèt kale ». 

Les femmes s'y mettent aussi, « tèt kale » 

Non loin du Musée du Panthéon national (Mupana), situé à un jet de pierre du palais national, trois jeunes filles et deux jeunes hommes s'exercent à une pirouette. Ils tournent sur eux-mêmes, en s'immobilisant tous ensemble après un sautillement calculé et crient en choeur : « tèt kale !». Le peuple se l'est approprié. L'officiant du Te Deum de l'investiture aussi, Monseigneur Louis Kébreau. Et que dire du concerné lui-même, Michel Joseph Martelly, tête rasée, de son état. Même les femmes se mettent à la mode du crâne rasé. On ne parle pas ici de femmes, avec les cheveux courts, coiffées à la garçonne, mais de femmes avec la boule à zéro. Zéro ! Coïncidence ou choix esthétique calculé, trois femmes, pour l'investiture, ont été remarquées sur la cour du palais avec la tête rasée. Complètement ! L'une faisait partie du personnel assurant le protocole et les deux autres, des invitées. Le temps de la honte de n'avoir pas de cheveux est révolu.

Évolution, « tèt kale » 

 Autrefois, la boule à zéro symbolisait une forme d'humiliation en Haïti. De façon systématique, on rasait la tête de tout homme incarcéré en prison. Les parents infligeaient ce sort aux garçons qui rapportaient à la maison des bulletins scolaires insatisfaisants. On vous épargnera toutes les significations que la malice populaire a associées à cette chanson culte et à succès de D.P. Express, sortie au cours de la moitié des années 80. « Tèt kale pa vle kite m domi » (Tête rasée m'empêche de dormir). On rasait aussi la tête des petits garçons qui souffraient de « pyas » (dermatose de couleur blanchâtre qui apparaissait sur la tête et qui empêchait la pousse des cheveux sur les parties affectées). Mais, aujourd'hui, on se rase la tête pour faire comme le président, pour affirmer son appartenance à ce qui est devenu un slogan, peut être demain un mouvement politique.

Bonne exhortation. Monseigneur Louis Kébreau, Archevêque du Cap-Haïtien et président de la Conférence épiscopale d'Haïti, célébrant du Te Deum d'investiture de Michel Joseph Martelly, a appelé celui-ci à n'exclure personne pendant son règne. « Tèt kale » ou pas. « Tèt kale », pardon, Martelly, a souhaité monseigneur Kébreau, sera le président de tous les Haïtiens. « Tèt kale ! »

Gaspard Dorélien
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